Le nom de Rémersdael

 
 

Certains ont prétendu que le mot Remersdael est formé de Roemer et dael et qu'il signifie «vallée des Romains » . D'autres ont voulu voir dans ce nom une corruption de Rooversdael, « vallée des brigands ». Ces explications fantaisistes relèvent de ce que l'on a appelé l'étymologie populaire.

Seule la signification du second terme, dael « vallée », est exacte; le village se trouve en effet dans une dépression de terrain où coule un affluent de la Gulpe Ce terme est commun dans la toponymie flamande et hollandaise, notamment dans les noms de lieux des environs : Fretersdael (dans la commune même), Beusdael (à Sippenaeken), Heyendael (à Hombourg), Grindael (à Fouron‑St‑Martin), etc.

Le nom de la localité est écrit Reynberzdale en 1252 .

Une appellation romane, formée des mêmes éléments, apparaît encore plus anciennement. Un document de 1224 contient la forme Renbievaz . Dans une charte de 1276 figure Remberval . Au XVe et au XVIe siècle, on rencontre Rembievaux et Rimbievaux .

Le nom est latinisé en Regenberti vallis au XIIe siècle dans un acte du cartulaire de l'église Notre‑Dame d'Aix‑la‑Chapelle .

Le premier élément est un nom d'homme, d'origine germanique «Rembert» en allemand Reinbert. Ce prénom, aujourd'hui tombé en désuétude, était porté par l'illustre botaniste malinois du XVIe siècle, Rembert Dodonée.

Le t final étant muet a disparu, comme dans Huberval (Ortho, Luxembourg). Il en est de même du b dans Remersdael, disparition qui se constate aussi dans Lammersdorf, provenant de Lambertsdorp.

Les formes Renbievaz, Rembievaux et Rimbievaux se rapprochent de la désignation actuelle employée en wallon, dans lequel la finale bert devenait jadis biè : Lambiè, Houbiè, Robiè, etc. L'appellation dialectale Rimbièva (Remberval) peut être comparée à Robiemont (Robermont).

Remersdael ou Rembievaux est donc, étymologiquement, la résidence, située dans un « val », d’un personnage dénommé « Rembert » .

L'orthographe du nom Remersdael a beaucoup varié jusqu'à l'érection de la localité en commune. On note les formes : Reymersdael, Reymersdahl, Reimersdal, Remersdal, etc. Le Moniteur belge du 7 mars 1‑833, dans l'arrêté royal séparant la paroisse de celle de Teuven, porte Romersdael. A ses débuts, l'administration communale employait la graphie Römersdael.

La réglementation de l'orthographe flamande du nom des communes appartenant à ce groupe linguistique, dans lequel le recensement de 1930 a classé la localité, a introduit le graphisme officiel Remersdaal. L'orthographe usitée jusqu'alors et conservée en français est Remersdael. L'emploi de la forme Remersdaal, qui se rencontre dans divers ouvrages écrits en cette langue, est aussi absurde que le serait celui des termes : Moelingen (Mouland), Glaaien (Glons), Bitsingen (Bassenge), Borgworm (Waremme), ou Brussel, Gent, Brugge, Oostende.

Plusieurs administrations, entre autres la société nationale des chemins de fer et la régie des télégraphes et des téléphones, font figurer dans leurs publications, à côté du nom usuel des localités de Warsage, Bombaye Visé, etc., à faible minorité flamande, les appellations Weerst, Bolbeek, Wezet, etc., qui sont de moins en moins usitées, et jusqu'à celle de Gulke désignant Goé, wallonisé depuis de longs siècles. On trouve même Bastenaken pour Bastogne ! A ce compte, Remersdael étant en réalité une dénomination thioise et l'élément français atteignant dans la commune une forte proportion, pourquoi ne pas mentionner de même l'ancien nom roman Rembievaux, autrefois exclusivement employé par les Wallons des villages voisins ?

C’est pour rappeler cette période romane que les constructeurs de la Salle « Rimbiévaux » choisirent ce nom en 1974, sous l’impulsion de MM. André Schmets, bourgmestre, et Léopold Cravatte, président fondateur de l’a.s.b.l. « L’Union Rémersdaeloise ».