En dehors des seigneuries de Rémersdael, Obsinnig, Clermont et Lanckvelt qui possédaient une cour foncière pour l'administration des biens qui en dépendaient, il existait encore à Rémersdael deux fiefs constitués chacun d'une seule ferme. C'étaient des fiefs sans juridiction, ne comprenant pas d'autres terres exploitées par des tenanciers.

La ferme de Boenraedt, Bunraedt ou Bunrode, aujourd'hui Bounder, était un fief d'environ 36 bonniers, qui relevait de la cour féodale de Fauquemont. Elle a donné son nom à ]a famille de ses premiers possesseurs connus, qui s'est fixée de bonne heure à Aix‑la‑Chapelle. Le plus ancien nécrologe de l'abbaye de Borcette. du XIIIe siècle, mentionne Jean de Bunrode, prêtre. Simon de Bunraedt, conseiller de la ville d'Aix‑laChapelle, scella au nom de celle-ci, en 1351 et en 1364, le traité de confédération pour le maintien de la paix publique entre la Meuse et le Rhin. Helwige de Bunrode était en, 1368 chanoinesse du monastère de Sinnich.

Dans la première moitié du XVIe siècle, Boenraedt est entre les mains de la famille d'Eynatten et le relief en est fait en 1537 par Jean d'Eynatten d'Obsinnig. Alors que cette seigneurie passe à son fils Michel, Boenraedt échoit au frère de celui-ci, Jean d'Eynatten, qui s'allie à Anne d'Eys de Beusdael. Leur fille Barbe, dame héritière de Boenraedt, devient la femme de Frédéric de Gulpen, drossard du Limbourg, seigneur de Wodémont, où elle décéda le 17 juin 1647. Jeanne de Gulpen de Wodémont, leur fille, épousa Jean Hoen de Cartils, seigneur de Rummen (Brabant), où leur monument funéraire les représente, entourés de leurs 32 quartiers de noblesse. Bonraedt lut relevé en 1629 par leur second fils, Jean‑Guillaume de Cartils.

Au commencement du XVIIIe siècle, Boenraedt est de nouveau en la possession de la famille d'Eynatten Le comte Frédéric le vend avec ses autres biens, à la baronne de Hochsteden, qui s'allie au baron de Furstenberg. Le fief était déjà alors divisé en deux fermes, dénommées Boenraedt‑Opsinnich et Boenraedt‑Laverne ou Nieuwbouw. Il partage ensuite les destinées de la seigneurie d'Obsinnig et le dernier relief est opéré le 23 août 1792 par Théodore de Furstenberg.

Balayant toutes les anciennes institutions féodales, l'avènement du régime français, qui fit disparaître les seigneuries foncières existant à Rémersdael, enleva aussi aux fermes de Boenraedt et de Hagelstein leur caractère privilégié de fief.