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Personnages et lieux de votre région n° 89
par Léon JACQMIN
Sippenaeken, Gemmenich,
Hauset, Plombières-Hombourg,
Plombières-Montzen, Retinne,
La Calamine, Remersdael...
Comment parler de tant de communes de notre région en une seule chronique ? C'est bien simple. Par le biais d'une famille dont les membres furent pratiquement tous instituteurs dans notre région. Ils ont fonctionné chacun dans une ou plusieurs communes citées dans le titre, communes dont on pourrait d'ailleurs encore allonger la liste, comme on le verra dans la suite de cette chronique. Mais commençons par le début. Voici la très belle histoire de la famille Cravatte.
Du Luxembourg belge à Sippenaeken
Ferdinand Cravatte est né à Metzert-Tontelange (province du Luxembourg) en 1868. Dans sa jeunesse, il entreprend l'école normale, devenant ainsi instituteur. Comme il connaît tout aussi parfaitement le français que l'allemand, il est sollicité pour enseigner à Sippenaeken, où il fera toute sa carrière. Il y rencontrera celle qui allait devenir son épouse : Odile Radermecker. Elle provenait, quant à elle, d'une ferme située à Terbruggen, sur le territoire de la commune de Gemmenich.
« J'avais 7 fils »
De ce mariage vont naître sept fils qui seront, plus tard, instituteurs. Seul le second fils, prénommé Albert, n’embrassera pas une carrière d'enseignant. Craignant de ne pas avoir la patience suffisante — et Dieu sait s'il en faut de la patience dans le métier d'enseignant —, Albert Cravatte sera, quant à lui, employé à la SNCB. Comme pour se faire pardonner, il sera par contre le seul des 7 fils Cravatte à épouser une institutrice. Il créait ainsi, par son mariage, un lien indélébile avec l'enseignement primaire qui unissait déjà confraternellement ses six autres frères.
Pour rappeler à tous ceux qui furent, un jour, un mois, une semaine, un an ou toutes leurs années primaires, élèves d'un maître d'école Cravatte, je voudrais citer ici chacun des 7 fils dans l'ordre qui est celui de la photo de cette semaine.
Debout à gauche, Adolphe Cravatte fut instituteur à Sippenaeken et à Retinne pendant la guerre 40/45. Il est décédé en 1984 à Bressoux-Liège. Assis devant lui, c'est le papa Ferdinand, qui fit sa carrière à Sippenaeken. Quand elle fut terminée, il fut bourgmestre de la commune de 1929 jusqu'au début de la 2e guerre mondiale. Les réunions du Conseil se faisaient dans une arrière-salle du café Rutten situé en face de l'école du village. Le fils de M. Rutten était d'ailleurs... le secrétaire communal. Le militaire à la troisième place, en partant de la gauche, c'est Lucien Cravatte. Avant d'être instituteur à Sippenaeken, il fut, très jeune, volontaire de guerre lors du conflit de 14/18. En passant par la Hollande, il rejoignit les troupes belges à Saint-Lô en compagnie de son frère Albert. Le 4e, c'est Charles Cravatte qui fut instituteur à La Calamine. Il fut le fondateur et le directeur des Petits Chanteurs Calaminois et il eut un jour la chance de les diriger pour un concert donné devant nos souverains actuels à Laeken. Charles était aussi rédacteur au Grenz-Echo, dans lequel il publia de nombreux articles historiques. Le 5e personnage (debout au centre) est Jules Cravatte, qui fut instituteur à Hauset. Jules était l'aîné des 7 fils. Après lui, c'est Léopold, le cadet de la famille. Il fut l'un des derniers filleuls de Léopold II puisque celui-ci décéda en 1909, l'année même de la naissance de Léopold Cravatte. Léopold enseigna à Rémersdael, où il a fait l'essentiel de sa carrière. Il s'y est dévoué sans compter au Conseil de fabrique, au club de football, de même qu'à l'harmonie. C'est à la tête de celle-ci qu'il mourut en 1980 lors d'un cortège organisé dans la ville de Liège. Le second fils Cravatte, qui est en uniforme, c'est Albert, dont j'ai déjà parlé. Son épouse sera institutrice essentiellement à Plombières-Montzen. Puis, sur la photo toujours, c'est Odile Radermecker, la maman de cette belle famille. Debout derrière elle se tient Auguste, qui fit sa carrière à Plombières-Hombourg.
Lors de la guerre 40/45, la famille Cravatte s'installa à José-Battice pour ne pas rester dans la zone qui fut annexée au Reich allemand. C'est la raison pour laquelle on trouve alors des Cravatte qui enseignent à Liège, à Heusy, à Retinne...
Aujourd'hui, tous ceux qui figurent sur la photo sont décédés. Mais, parmi les milliers d'élèves qui furent les leurs, beaucoup sont encore parmi nous. Peut-être se souviendront-ils de leur maître d'école autrefois?
Dallas, Dynasty, Châteauvallon...
Plusieurs sagas familiales obtiennent aujourd'hui un franc succès à la télévision. La saga des Cravatte est d'une autre veine encore parce qu'elle nous concerne directement. Elle se rattache par de multiples liens à l'histoire de notre région et à celle de son enseignement primaire. C'est là toute sa richesse qui fait qu'elle méritait largement de vous être contée.
Publié avec l'aimable autorisation de M. Léon JACQMIN,
Président du Petit Musée de Fléron.
(Article publié dans "Clin d'Oeil" du 28 février 1985)
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