Un article de "La Défense wallonne" du 24 avril 1927

 
 

Nous n'avons pas l'habitude de répondre aux attaques des journaux flamingants. Chaque fois que les Wallons
prennent une initiative quelconque, on peut être assuré d'entendre aussitôt aboyer la meute des gazettes mouettardes.
Naturellement, jamais un argument. Rien que des balourdises, des injures, des mensonges. A priori, sans examen, ces gens se croient obligés de baver tout ce qui est wallon.
Récemment, l'Assemblée Wallonne demanda à M. le Ministre de l'Intérieur de supprimer de la liste officielle des
communes flamandes une dizaines de localités dont la majorité des habitants parlent le français.
Nous avons publié les chiffres établis d'après les documents officiels. C'est aussi peu discutable que deux et deux font quatre. Mais rien n'arrête nos polémistes flamingants !
Certains de ces journaux commencèrent donc par prétendre que nous comptions, comme étant de langue française
tous les Flamands qui savaient parler le français ! Audacieux mensonge. Ils savent que nos chiffres sont établis d'après la plus rigoureuse méthode de la statistique linguistique.
Mais voici qu'ils font circuler dans toute la presse flamingante un articulet d'allure bouffonne, comme toujours, où l'on s'esclaffe à la pensée que Rémersdael devrait être rayée de la liste des communes flamandes. On y affirme qu'il n'y a à Rémersdael que huit habitants qui ne savent pas parler le flamand et l'on conclut que ce chiffre es plutôt éloigné de celui de deux cent soixante et un, indiqué par l'Assemblée Wallonne.
Répondons à cette attaque, par exception, et pour en montrer toute la mauvaise foi.
Tout d'abord, ce n'est pas huit habitants qui ont déclaré connaître le français et pas le flamand, mais bien trente-trois. Quant au chiffre de deux cent soixante et un, nous l'avons indiqué comme celui des habitants se servant le plus fréquemment du français, alors que le chiffre correspondant, pour le flamand, n'est que de cent soixante. Ces chiffres sont indiscutables et résolvent le problème.
Ce que le Standaard a soin de ne pas dire à ses lecteurs, c'est que, depuis 1880, le nombre des habitants de
Rémersdael qui ont appris le français n'a cessé de croître. Les bilingues flamands-français ne représentaient en 1880 que 18,30 % de la population. En 1920, la proportion s'élevait à 51,06 % !
Bien plus (et, sur ce point aussi, le Standaard se garde bien d'éclairer ses crédules lecteurs), sur les deux cent
quarante-neuf bilingues que comptait Rémersdael lors du dernier recensement, savez-vous combien ont déclaré se
servir le plus fréquemment du flamand ? Neuf, exactement. Les deux cent quarante autres ont affirmé qu'ils servaient principalement du français.
Nous sommes persuadés que le rédacteur du Standaard connaissait parfaitement ces faits. Nous sommes tout aussi persuadés qu'il ne rectifiera pas ses mensonges volontaires. Nous connaissons de longue date la loyauté des disciples de Borms.
Peut-être le Standaard invoquera-t-il l'autorité du Recensement général, publié par le ministère de l'Intérieur, et dont le tome premier vient seulement de paraître. Dans une note de la page 64, deuxième colonne, bas de page, cette publication officielle cite Rémersdael parmi les communes « où le plus grand nombre des habitants parlent le flamand » ! C'est une erreur évidente du service de statistique, dont nous avons déjà dû faire rectifier les chiffres fantaisistes concernant les langues parlées à Bruxelles. Il suffit de jeter un coup d'oeil aux pages 306 et 307 du tome II pour s'assurer que Rémersdael appartient bien à la région de langue française.

 

Publié le 26 novembre 2007 - Mis à jour le 06.08.2010