Jules Halleux a reconstitué l'histoire de l'enquête sur l'assassinat de son père, la reconstitution
et les procès.

Vu au travers d'articles de la presse locale :

Le vendredi 29 novembre 1946 : « La Nouvelle Gazette de CHARLEROI" titre en 2ème page Les Crimes Nazis... La Geheimfeldpolizei de Charleroi va répondre de ses crimes pendant l'occupation De nombreux patriotes sont morts, 654 arrestations ont été opérées.
A Charleroi plusieurs traîtres se sont mis au service de l'ennemi moyennant une légère rétribution ; Nous avons eu MARIVOET, GAUQUIER, JOLY, LECLERCQ, et d'autres encore.

La composition de la Geheimfeldpolizei

Trois chefs se trouvaient à la tête de cette police secrète de campagne de Charleroi ; les nommés Hans TUCKEL, Walter HESCHERT et Lise STUCRATT. Dans leur tâche qui fut, on se l'imagine
aisément très ardue ces chefs étaient grandement aidés par des instructeurs : Auguste WILKE , tué au cours d'un raid aérien sur la ville de Hambourg ; Alfred LIEBENOW, dit Fred ; Otto LEHMANN, deux dangereux membres qui en raison du zèle déployé pendant toute l'occupation sont renseignés à la Commission des Crimes de Guerre.

Les traitres belges

Franz MARIVOET de Marcinelle dit Marydem alias Jacques Marchal, déjà condamné à la peine de mort. Cet infâme personnage s'est de sa propre volonté,mis au service de l'Abwerstelle - service de contre-espionnage allemand- au traitement mensuel de 3000 frs ; mais en raison de l'activité débordante de la G.F.P., MARIVOET fut à un certain moment détaché dans cet organisme où il remplit le rôle d'interprète. En cette " qualité", il participa à quatre-vingts arrestations ; Mais, il fut un temps, où MARIVOET - dont la tête fut maintes fois mise à prix par la Résistance- dut quitter la région carolorégienne et il partit pour Mons où il poursuivit son activité odieuse.

Edmond LECLERCQ alias Guy Lambert, bourgmestre rexiste de Jamagnes, déjà condamné à la peine capitale, par le conseil de guerre de Dinant pour dénonciations et pour collaboration à la SIPO de Dinant. Il aura a répondre de son activité au service de G.F.P. Mauvaise herbe croit toujours. Leclercq a notamment sur la conscience - s'il en a une- la mort de M. Julien HALLEUX , maréchal des logis de gendarmerie membre actif d'un service de renseignements pour les alliés , abattu par Otto LEHMAN le 23 décembre 1943 , alors qu'il sortait de la gendarmerie accompagné d'une ménagère, Mme Gilberte LEROY. Cette dernière put s'enfuir mais hélas ! Fut appréhendée le lendemain à son travail.

Fernand JOLY , habitant rue du Moulin à Charleroi est l'être le plus abject qui procéda à l'arrestation de 8 personnes. Il tente de faire admettre par les autorités chargées d'instruire cette affaire, une version mensongère des faits dont il a à
répondre. JOLY est en effet accusé d'avoir fait usage de son arme lors de l'assassinat de M. HALLEUX. Aujourd'hui - version 1946 - il prétend que ce coup de feu était destiné à Otto LEHMAN. Nous ne sommes pas des naïfs.

Jules MAHIEU, de Marchienne-au-Pont, fugitif, déjà condamné à la peine de mort, prit part à l'assassinat du maréchal des logis Halleux et à celui du patriote Lucien Van Campenhout, de Charleroi....

Le Conseil de Guerre de Charleroi

Le procès des espions de L'Abwehrstelle

Les individus qui comparaissent devant le Conseil de Guerre de Charleroi et dont nous avons publié les noms appartenaient à un département du 3ème groupe du groupe III F. Il était dirigé par un avocat de Hambourg nommé Kurt Stubbe mais qui se faisait appeler le docteur Stamer.... Si le docteur Stamer était loin de prendre son service au sérieux, il avait une confiance illimitée dans le belge Joseph VRANKEN, né à Zonhoven ... C'est en janvier 1943 qu'une section de ce groupe alla s'installer à Charleroi... Joseph VRANKEN accompagné de Joséphine PARIDAENS, 33 ans, ... A cette époque ces traitres se faisaient appeler FOULON et NOLETTE, cette dernière aimait de s'affubler également du titre de comtesse de Landsheere... VRANKEN, PARIDAENS et VAN DESSEL qui disposait d'un nombreux personnel,
avaient loué une villa à Loverval... D'autres arrestations eurent lieu un peu partout en Belgique, grâce aux rôles joués par les femmes affiliées à la bande de traitres. C'est ainsi que Joséphine PARIDAENS et l'épouse .... donna un solide coup de main dans l'organisation.
Bertha DEMARET, la femme du sinistre gestapiste Mariden, de Marcinelle, fut l'instigatrice de l'assassinat du gendarme Halleux, de Charleroi.
Raymond Lacroix d'Ougrée participa à l'assassinat du gendarme Halleux. On le dit tué au front de L'Est.

Le procès du contre-espionnage nazi

Audience de l'après-midi .....On a évoqué notamment l'assassinat par la gestapo à Charleroi, du maréchal des logis Halleux.
Le prévenu VRANKEN avait appris que Melle Gilberte Leroy était membre d'un groupement de la Résistance de la région de Charleroi. Il donna mission à Berthe DEMARET d'entrer en relation avec elle et de s'enquérir sur l'organisation. Bertha DEMARET arriva à ses fins et parvint à connaitre un des chefs de ce groupement, le maréchal des logis Halleux. Le hasard voulut qu'elle le rencontrât un jour rue de Marcinelle, à Charleroi. Elle prévint aussitôt la Gestapo.....
L'activité néfaste du Haupt V-Mann Jozef VRANKEN alias Bonap est aussi reprise dans « La Belgique Occupée de l'an 40 à la Libération ; Etienne Verhoeven ; De Boeck Université ,1994 » pour son action avec Abwehr III à Anvers dans « l'Englandspiel » (il s'agit d'un retournement d'opérateurs radio envoyés en Belgique par les services anglais). On y signale aussi son passage à la Dienstelle de Charleroi et ses penchants pour les organisations de l'Ordre nouveau et le fait que quelques agents wallons du groupe VRANKEN étaient Rexistes. On y confirme la complexité des services de polices allemands, les méthodes des uns valant celles des autres contrairement à ce que l'on a laissé croire sur la Wehrmacht, car sur le terrain ils utilisent les mêmes traitres qui, à la fin de la guerre, sont souvent dans les services SS. Ce qui explique aussi les difficultés des différents Conseils de Guerre à définir les responsabilités de certains accusés après la guerre.

Le chef de la G.F.P. de Loverval Otto LEHMANN se trouve en zone russe.
Il fréquentait assidument un café situé non loin de son repaire et dont la patronne, devait devenir rapidement sa maitresse. A l'occasion, il faut le reconnaitre, elle intercédait auprès du "maitre" et sauvait ainsi la vie de certains internés. Elle ne le fit pas pour rien d"ailleurs et chez elle, une "fine" se vendait soixante francs. Vint la libération, Otto Lehmann s'enfuit dans les derniers laissant son amie derrière lui. Elle fut arrêtée et, après un internement assez court, compte tenu des services rendus, libérée.

Quand l'aurons nous ?
On connait le nom de la ville, l'adresse précise et on sait même (il le dit) qu'Otto est en bonne santé. Espérons que bientôt ce fameux Otto Lehmann, l'assassin du brave gendarme Julien Halleux, ne jouira plus de l'impunité sous le vague prétexte qu'il se trouve de l'autre côté du trop célèbre rideau de fer.

Dans un autre journal sur le même sujet:
La direction de cette formation nazie fut confiée durant plusieurs années de l'occupation à Otto Lehmann, l'assassin de M. Julien Halleux, maréchal des logis de gendarmerie, membre très actif d'un mouvement de résistance.
Qu'adviendra-t-il de toutes ces personnes ? Je n'en sais rien, mais à Charleroi plusieurs traitres furent fusillés par un peloton de gendarmerie. S'il y a parmi les lecteurs des personnes qui peuvent m'aider sur ce sujet, je les en remercie d'avance.

Jules HALLEUX

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